Les modifications fiscales proposées par le gouvernement libéral entraîneront probablement la plus grande destruction de richesse pour les familles agricoles canadiennes depuis la crise agricole des années 1980. Mais contrairement à la crise des années 1980, dont les agriculteurs ont fini par se remettre, les changements proposés constituent un changement structurel permanent qui entraînera une baisse des revenus et de la valeur nette des agriculteurs, dont il ne sera pas possible de se remettre.

Le ministre des Finances Morneau et le premier ministre Trudeau ont déclaré que les modifications fiscales proposées visent les Canadiens fortunés qui profitent des « échappatoires fiscales » pour payer injustement moins d’impôts que les travailleurs de la « classe moyenne ». Mais les outils légitimes de planification fiscale des petites entreprises, que les libéraux prévoient modifier, sont utilisés depuis des décennies par les entrepreneurs de petites entreprises de tous les secteurs partout au Canada pour les aider à gérer et à atténuer les risques financiers associés au démarrage, à la création et à la vente de leur entreprise.

Les implications de ces changements pour tous les petits entrepreneurs sont énormes, mais étant donné la nature unique de l'agriculture, l'impact sur les familles agricoles canadiennes sera particulièrement grave. L'agriculture, plus que la plupart des autres entreprises, dépend de la participation et du soutien de toute la famille pour réussir. Les enfants, les conjoints et les membres de la famille élargie soutiennent généralement l'entreprise agricole, que ce soit directement dans les opérations agricoles, ou indirectement de manière non rémunérée mais essentielle. Les familles agricoles canadiennes se constituent généralement en petites entreprises pour leur permettre de partager efficacement les revenus de leurs exploitations agricoles entre les membres de la famille. Mais les modifications fiscales proposées restreindront considérablement la capacité d'un agriculteur à partager son revenu entre les membres de sa famille, même si la réalité pour la plupart des agriculteurs est que toute la famille élargie participe d'une manière ou d'une autre au soutien de l'entreprise.

De plus, pour la plupart des familles agricoles, la principale (et parfois la seule) source de richesse pour leur retraite est leur terre. En raison de la nature à forte intensité de capital de l'agriculture et de la volatilité de la plupart des revenus agricoles, les agriculteurs ne disposent souvent pas d'autres sources importantes d'épargne-retraite, comme les CELI, les REER et l'épargne-investissement. En se constituant en petites entreprises et en ayant plusieurs membres de la famille comme actionnaires, les agriculteurs ont pu utiliser des outils légitimes de planification fiscale pour maximiser les exonérations des gains en capital et réduire le fardeau fiscal lorsque vient le temps de vendre la ferme pour financer leur retraite. Les modifications fiscales proposées élimineront la possibilité pour les agriculteurs de recourir à de multiples exonérations de gains en capital et réduiront ainsi considérablement leur épargne-retraite.

L'ampleur de cette réduction de richesse imminente pour les agriculteurs est difficile à estimer et dépend des circonstances individuelles, mais il n'est pas difficile d'imaginer que pour une famille agricole typique comme celle que nous côtoyons quotidiennement à Bonnefield, les modifications fiscales proposées pourraient détruire un un tiers, voire la moitié, de la richesse qu’ils ont accumulée au cours de leur carrière grâce à l’appréciation du prix des terres.

Bizarrement, les modifications fiscales proposées rendront bien plus avantageux, d’un point de vue fiscal, qu’un agriculteur vende son entreprise à un grand conglomérat, plutôt que de vendre la ferme à la prochaine génération et de la garder dans la famille. Le recensement de 2016 a montré que l'agriculteur moyen au Canada était âgé de 55 ans. Ainsi, au cours de la prochaine décennie, une partie importante des fermes canadiennes vont changer de mains.

Chez Bonnefield, nous travaillons souvent avec de jeunes agriculteurs pour les aider à financer la transition de la ferme de leurs parents et à agrandir leurs opérations. Les modifications fiscales proposées réduiront considérablement le montant de l’argent après impôt disponible pour les agriculteurs qui prennent leur retraite. et rendre plus difficile la transition de la ferme à la prochaine génération.

Pour quiconque s’inquiète de la disparition des fermes familiales au Canada, les changements fiscaux imminents sont un désastre imminent.

Tout le monde s'entend pour dire que l'équité fiscale est un principe essentiel pour une société civile et démocratique comme le Canada. Mais la charge fiscale d’une personne ne doit pas seulement être proportionnelle à son revenu. Il convient également de prendre en compte les risques et les sacrifices que les entrepreneurs encourent pour gagner leur revenu, ainsi que les avantages pour la société qui résultent de leur esprit d'entreprise. Les agriculteurs canadiens représentent le meilleur de cet esprit d'entreprise et de cette prise de risque, et tous les Canadiens bénéficient d'un secteur agricole prospère.

Je vous exhorte à contacter le ministre Morneau, le premier ministre Trudeau et votre député local et à les exhorter à mettre fin à ces modifications fiscales désastreuses et mal conçues.

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