Lorsque nous avons fondé Bonnefield il y a dix ans, nous avions délibérément pour objectif de concevoir un modèle commercial qui créerait de la valeur pour nos investisseurs en créant de la valeur pour les agriculteurs. Nous croyions alors, et croyons encore plus fermement aujourd'hui, que la création de valeur pour les agriculteurs se traduit naturellement par une création de valeur pour nos investisseurs dont nous gérons les portefeuilles de terres agricoles ; un gagnant-gagnant pour les investisseurs et les agriculteurs. La création de valeur pour les agriculteurs se manifeste de diverses manières : par une flexibilité financière, une rentabilité accrue, une durabilité améliorée et par des contributions aux communautés agricoles locales partout au Canada.
Nous avons codifié notre approche dans une politique d’investissement responsable (disponible ici) et nous surveillons et suivons activement les aspects environnementaux et sociaux de nos activités d'investissement, propriété par propriété, dans nos rapports annuels aux investisseurs. Nous avons également tenté de mener un débat plus large au sein de la communauté agricole canadienne sur les avantages de l'investissement responsable par le biais d'événements publics tels que des assemblées publiques locales, des conférences éducatives, des conférences publiques, des visites de fermes, des commandites de documentaires et en participant à des discussions politiques avec des fonctionnaires gouvernementaux et des universitaires. En 2014, Bonnefield a été le premier gestionnaire de terres agricoles canadien à devenir signataire des Principes pour l'investissement responsable des Nations Unies.
Dans ce contexte, il a été gratifiant pour nous de constater que d’autres investisseurs adoptent une approche durable du secteur agricole. Au cours du seul trimestre écoulé, nous avons assisté à une dynamique très médiatisée dans le domaine de l’investissement agricole durable. Il semble que des mesures prometteuses soient prises par les investisseurs pour résoudre certains des problèmes de durabilité à long terme auxquels sont confrontés les systèmes de production alimentaire mondiaux, et nous espérons que cette tendance émergente deviendra un vaste mouvement. Quelques exemples:
Un groupe d'investisseurs influents, dont Bill Gates, Jeff Bezos, Ray Dalio, Richard Branson et Michael Bloomberg, ont collaboré pour former un fonds d'investissement nommé Breakthrough Energy Ventures (BEV). Le cabinet propose du capital patient aux entreprises à fort potentiel d’impact et qui visent à résoudre des enjeux mondiaux majeurs. Le mois dernier BEV a mené un cycle d'investissement dans Pivot Bio, une entreprise agricole travaillant sur les microbes fixateurs d'azote visant à réduire l'utilisation d'engrais et, par conséquent, les impacts environnementaux et les coûts d'exploitation pour les agriculteurs.
L'Environmental Trust de Jeremy Grantham a également mené un cycle d'investissement dans le domaine agricole. En octobre, la confiance investi dans Land Life Company, une entreprise technologique dont l’objectif est de réduire la dégradation mondiale des sols. Ils continueront à travailler sur des projets qui répondent à leurs objectifs en proposant des technologies telles que la plantation autonome, la télédétection et la vérification de la blockchain. Grantham, co-fondateur de la société d'investissement de $70 milliards GMO Capital (et que j'ai fréquemment cité dans mes articles de blog), a catégoriquement a exprimé l'importance d'investir dans l'agriculture durable car le changement climatique, la rareté des terres et l’évolution des régimes alimentaires dans les pays en développement risquent de menacer notre système alimentaire mondial.
Ces histoires témoignent d’une tendance croissante : les investisseurs accordent davantage d’attention aux résultats environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de leurs investissements agricoles. Selon le dernier rapport sur les tendances de l'Association pour l'Investissement Responsable (IR), plus de la moitié du secteur de l'investissement au Canada prend en compte les facteurs ESG dans ses décisions d'investissement, ce qui représente plus de 1 400 milliards de milliards de dollars d'actifs sous gestion.
L’investissement d’impact va encore plus loin dans le mandat ESG en promouvant des résultats spécifiques à l’investissement dans un cadre d’investissement responsable. L'Association pour l'investissement responsable souligne que l'investissement d'impact au Canada a augmenté de plus de 60% (tel que mesuré par les actifs sous gestion) au cours des deux dernières années seulement. Les investisseurs visent visiblement à apporter une contribution positive à la société tout en générant des rendements attractifs. Les investisseurs alignent leurs portefeuilles sur leurs valeurs et allouent leurs actifs au progrès social et environnemental ainsi qu’au profit.
Nous sommes heureux de constater que l’investissement à impact est en train de passer d’une platitude molle et floue à la place qui lui revient en tant que principe fondamental respecté des meilleures pratiques financières mondiales.
Les agriculteurs canadiens rappellent le chevalier noir des Monty Python et du Saint Graal. Ils continuent de se battre bien qu’ils soient battus, encore et encore, par la série apparemment interminable de défis qui leur sont lancés au printemps et en été : des conditions météorologiques extrêmes, les renégociations de l’ALENA, les dommages collatéraux des tarifs douaniers entre les États-Unis et la Chine, une dispute diplomatique avec l’Arabie Saoudite. et même un polar bizarre concernant le blé génétiquement modifié qui est mystérieusement apparu en Alberta. Bon nombre de ces problèmes restent fluides, mais voici un bref résumé de mi-saison de la situation à la ferme :
Météo – Aucune région du pays n’a connu une météo « normale » pendant cette saison de croissance. L'Ouest a été aux prises avec une sécheresse continue tout au long de la saison, le centre du Canada a connu un printemps froid et humide suivi d'une chaleur sèche et torride ponctuée de tempêtes de pluie occasionnelles, et les Maritimes ont connu des inondations en début de saison et une chaleur inhabituelle pour la saison au cours des mois d'été. Malgré ces défis, notre équipe de gestion immobilière rapporte que, pour la plupart des agriculteurs canadiens, les récoltes s'annoncent plutôt bonnes. Les conditions météorologiques de cet été sont-elles une aberration ou la nouvelle normalité causée par le changement climatique ? The Economist a récemment publié un excellent article sur ce débat ici.
ALENA – Les renégociations en cours de l’ALENA font la une des journaux depuis plus d’un an maintenant, mais malgré une couverture presque 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, aucun détail n’a été révélé publiquement sur les impacts potentiels qu’un nouvel accord (le cas échéant) aurait sur le Canada. Les agriculteurs. L’un des objets de mépris favoris du président Trump est le système de gestion de l’offre du Canada pour les produits laitiers. Si l'on met de côté le fait que les États-Unis subventionnent également massivement leur secteur laitier, il est probable que tout renouvellement de l'ALENA entraînera des changements pour les producteurs laitiers du Canada. Néanmoins, nous ne croyons pas que ces changements potentiels constituent un risque important pour l'ensemble du secteur agricole du Canada. Tout changement au système actuel comprendrait probablement une généreuse aide à la transition qui limiterait l'impact de tout changement sur les producteurs laitiers du Canada. À long terme, nous croyons que tout accord commercial qui accroîtrait l'accès du Canada aux marchés laitiers mondiaux en plein essor constituerait un avantage net pour les producteurs laitiers du Canada. Notre système laitier actuel de gestion de l'offre exclut effectivement les agriculteurs canadiens de la forte demande mondiale de produits laitiers (en particulier de la Chine), de sorte qu'un meilleur accès aux marchés mondiaux serait, à long terme, une opportunité et non une menace pour les agriculteurs canadiens. Un excellent rapport d'Al Mussel, de l'Agro-Food Policy Institute, distingue les faits de la fiction dans le conflit laitier et peut être consulté ici.
Guerre commerciale sino-américaine – Les producteurs de soja canadiens ont été pris entre deux feux dans une guerre tarifaire entre la Chine et les États-Unis. Début juillet, la Chine a imposé un droit de douane de 251 TP3T sur les importations de soja en provenance des États-Unis. En prévision d'une offre excédentaire attendue de soja américain sur les marchés mondiaux, le prix du soja a récemment baissé à $310 USD la tonne métrique, contre 1TP442 USD la tonne en avril. La faiblesse du dollar canadien a isolé dans une certaine mesure les agriculteurs du pays, mais les prix sont clairement plus bas qu'ils ne l'auraient été en l'absence de conflit commercial. Nous estimons que le marché a réagi de manière excessive et qu'à long terme, si le différend commercial n'est pas résolu, il pourrait représenter une opportunité importante pour les producteurs de soja canadiens. La Chine, le plus grand importateur mondial de soja, manque chaque année de 90 millions de tonnes de soja et les États-Unis fournissent 391 TP3T de ce déficit. La Chine, quant à elle, représente 62% des exportations américaines de soja. Le Brésil, qui a récemment dépassé les États-Unis en tant que plus grand producteur mondial de soja, sera le principal bénéficiaire de ces droits de douane. Toutefois, les producteurs de soja canadiens sont également bien placés pour bénéficier d’une demande accrue à l’exportation. L'appétit massif de la Chine pour le soja importé nous porte à croire que les prix actuels du soja sont un cas de « douleur à court terme pour un gain à long terme » pour les agriculteurs canadiens.
Différend diplomatique avec l'Arabie Saoudite – Début août, l’Arabie saoudite s’est offusquée des publications sur Twitter du gouvernement canadien appelant à la libération immédiate des militants des droits de l’homme. La réaction de l'Arabie saoudite qui a suivi s'est traduite, entre autres mesures liées au commerce, par une interdiction des importations de blé et d'orge canadiens. Malgré la publicité qu'ont reçue les annonces de l'Arabie Saoudite, les agriculteurs canadiens ne remarqueront pas beaucoup de changement. En 2017, l’Arabie Saoudite a acheté environ 10% d’orge canadienne – seulement 134 000 tonnes métriques – et moins de 1% de blé canadien. Les volumes de céréales touchés par l'embargo saoudien ne sont pas importants et nous ne prévoyons donc pas d'impact matériel sur les agriculteurs canadiens en raison des mesures saoudiennes.
Mystère du blé OGM en Alberta – L'événement le plus bizarre qui soit arrivé aux agriculteurs canadiens cet été a été l'apparition mystérieuse, en juillet 2017, d'une souche expérimentale de blé génétiquement modifié dans un fossé en bordure de route en Alberta. Le canola, le maïs, le soja et d'autres cultures OGM sont couramment cultivés au Canada et exportés à l'étranger, mais la production commerciale du blé OGM n'est pas approuvée au Canada (ou ailleurs dans le monde). Le blé a été identifié après avoir survécu à une application du désherbant Round Up et, lorsque la découverte a été annoncée par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (« ACIA ») au début de l'été, le Japon a réagi en suspendant les importations de blé en provenance du Canada. Le Japon achète environ 1/3rd de toutes les exportations de blé canadien, les conséquences étaient donc graves pour les producteurs de blé canadiens. En conséquence, les prix du blé canadien ont chuté. Heureusement, le Japon a repris ses importations de blé canadien le 20 juilletème après qu’il ait été démontré que les souches OGM n’avaient pas infiltré nos circuits d’approvisionnement. Mais le mystère demeure : comment cette souche expérimentale de blé OGM s’est-elle retrouvée jusqu’à un fossé au bord d’une route en Alberta ? Des chercheurs universitaires et l'ACIA auraient écarté toutes les explications plausibles, laissant le sabotage comme théorie principale. Un groupe de pression anti-OGM ou un agent russe ont-ils dispersé des graines génétiquement modifiées le long d'une route, sachant que leur découverte perturberait sérieusement les exportations de blé canadien ? Selon des rapports publiés, ces deux groupes ont un historique d’activités malveillantes dans les systèmes agricoles modernes, de sorte que la théorie – même si elle semble farfelue – est au moins plausible. Il est peu probable que nous le sachions un jour avec certitude, mais le mystère est approfondi par le Globe and Mail ici.
Dans l’ensemble, les agriculteurs canadiens semblent prendre à bras le corps tous ces irritants à court terme. Les visites effectuées auprès des agriculteurs de Bonnefield au cours des mois d'été n'ont révélé aucun problème sérieux et la plupart restent optimistes quant à une récolte raisonnable au cours des prochains mois.
À ce contexte de défis à court terme s’opposent les tendances à long terme qui continueront de profiter aux agriculteurs canadiens au cours des prochaines décennies. Ces réalités sont clairement résumées dans le dernier commentaire trimestriel de Jeremy Grantham, co-fondateur de GMO, basée à Boston, une société d'investissement avec $71 milliards d'actifs. Je vous exhorte à le lire. Son commentaire met en perspective la menace urgente que le changement climatique et l'érosion des sols font peser sur l'approvisionnement alimentaire mondial. Cela souligne également le rôle important que nous, à la fois investisseurs et gestionnaires à long terme des terres agricoles canadiennes, devons envers les générations actuelles et futures. L'article de Grantham, disponible ici avec une inscription gratuite, est un résumé remarquable des raisons pour lesquelles nous faisons ce que nous faisons ici à Bonnefield et pourquoi nous nous concentrons tant sur la santé des sols et l'agrologie.
Mes excuses pour les « FAKE NEWS ! » effrontées. référence, mais cela semble approprié dans les circonstances.
Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts vient de publier un rapport intitulé «Comment garder les terres agricoles entre les mains des agriculteurs canadiens» et les quelques médias qui ont remarqué le rapport semblent avoir largement mal cité ses conclusions. Le Observateur national, a par exemple cité un membre du Comité disant « …les institutions financières, les fonds d’investissement et les sociétés multinationales étrangères [achètent] des terres agricoles canadiennes, ce qui fait grimper davantage les prix et transforme les agriculteurs en employés plutôt qu’en propriétaires de leurs terres. » Et Investisseur agricole portait le titre : "Les législateurs canadiens mettent en garde contre les fonds d'investissement ciblant les terres agricoles".
Pour mémoire, le rapport du Comité ne contient pas de tels avertissements et ne fait aucune recommandation contre la propriété ou les fonds d'investissement étrangers.
Même si le rapport reconnaît que certains des témoins qui ont comparu devant le Comité au cours de ses 18 mois d'audience ont exprimé de telles préoccupations, le rapport du Comité s'est abstenu de recommander des mesures qui limiteraient la propriété étrangère ou l'investissement institutionnel. Le rapport mentionne également d'autres témoins (tels que Tom Eisenhauer de Bonnefield, Financement agricole Canada, plusieurs universitaires et autres) qui n'ont trouvé aucune preuve que la propriété étrangère ou l'investissement institutionnel dans les terres agricoles posent problème au Canada. En effet, le rapport cite des exemples de Bonnefield et d'autres investisseurs jouant un rôle positif en offrant des alternatives de financement aux agriculteurs canadiens et en les aidant à réduire leur dette, à développer leurs exploitations et à transmettre leurs fermes à la prochaine génération.
Même si le rapport du Comité sénatorial n'était pas le manifeste anti-business que certains articles de presse pourraient vous laisser croire, il n'était pas non plus l'appel à l'action qu'il aurait pu et aurait dû être. En fait, cela représente une occasion manquée de fournir une orientation claire aux législateurs avec des recommandations fermes sur les moyens de garantir que les terres agricoles canadiennes sont protégées et entretenues pour les agriculteurs et l'agriculture.
Les cinq recommandations du rapport vont de douces (collecter plus de données, meilleure coopération entre les niveaux de gouvernement, plus de financement pour la recherche) à carrément bizarres. La recommandation numéro un du rapport pour garder les terres agricoles entre les mains des agriculteurs ? Augmenter l’exonération cumulative des gains en capital pour les biens agricoles. De l'avis du Comité, l'augmentation des exonérations des gains en capital aidera d'une manière ou d'une autre les nouveaux agriculteurs à acquérir des terres agricoles. On ne sait pas exactement comment, car le rapport n'explique pas le lien entre une exonération fiscale accrue sur la vente d'une propriété et une acquisition plus facile de la propriété par les nouveaux agriculteurs. Une augmentation des exonérations des gains en capital serait certainement bénéfique pour les agriculteurs qui prennent leur retraite. Mais les nouveaux agriculteurs ? Je ne comprends pas. Les nouveaux agriculteurs ont besoin de nouvelles formes de financement pour développer leur entreprise, et non d’exonérations fiscales à la retraite.
Malheureusement, je ne pense pas que les terres agricoles canadiennes soient plus protégées du développement ou de l'expansion urbaine, ni que les jeunes agriculteurs soient mieux en mesure de développer leur ferme, à la suite du rapport de ce comité sénatorial.
Remarque : le texte de la présentation de Tom Eisenhauer au Comité sénatorial et les recommandations de Bonnefield pour protéger les terres agricoles canadiennes peuvent être trouvé ici.
Remarque : cet article a été publié pour la première fois dans PEI Agri Investor le 13 février 2018. www.agriinvestor.com
Les agriculteurs américains traversent une période difficile depuis 2013, lorsque leurs revenus agricoles nets ont atteint un record de 135,6 milliards de TP4T après une augmentation stupéfiante de 82% en seulement 4 ans. Depuis ces jours grisants, les revenus agricoles nets des États-Unis sont en baisse, et l’USDA a récemment prédit de nouvelles baisses en 2018 – à des niveaux jamais vus depuis 2006.
Au nord de la frontière, l’histoire a été très différente. Les recettes monétaires agricoles nettes du Canada ont connu une augmentation continue pendant huit ans. Depuis 2013, les rentrées nettes de fonds ont augmenté de 27% au Canada, même si elles ont diminué de 28% aux États-Unis.
Sources : USDA – Revenu agricole net ; et Statistique Canada – Recettes nettes de trésorerie
Le fait que la valeur des terres agricoles américaines n’ait pas diminué de manière significative depuis 2013, malgré une forte baisse des revenus agricoles, témoigne de l’attrait des terres agricoles en tant qu’actif d’investissement. Après tout, les agriculteurs ne réagissent pas aux fluctuations à court terme des prix des matières premières en vendant des terres qui constituent la pierre angulaire de leur activité à long terme. Selon les chiffres de l'USDA, la valeur moyenne des terres cultivées aux États-Unis est pratiquement inchangée depuis 2014. Au Canada, cependant, l'augmentation constante des revenus agricoles a entraîné une augmentation constante de la valeur des terres agricoles depuis 2014, conformément aux moyennes historiques à long terme de 6% à 8% par an. .
Plusieurs années de resserrement de la ceinture ont détérioré les bilans de nombreuses fermes américaines, tandis que la plupart des fermes canadiennes ont maintenu de faibles niveaux d'endettement et de bonnes liquidités. Financement agricole Canada (« FAC ») a récemment conclu que le « La situation de liquidité globale de l’agriculture canadienne est solide ». Le ratio de liquidité moyen (actifs courants divisés par les passifs courants) de tous les agriculteurs canadiens était de 3,0 en 2015 (la dernière année pour laquelle des chiffres sont disponibles), le secteur des céréales et des oléagineux étant particulièrement solide à 3,6. En comparaison, les agriculteurs américains ont connu une baisse de leur ratio actuel, passant de 2,87 en 2012 à 1,55 en 2016, selon la FCC.
Alors, qu’est-ce qui explique les fortunes différentes des agriculteurs américains et de leurs cousins canadiens ?
Les taux de change sont un facteur important. La baisse des prix du maïs et du soja depuis 2013 a coïncidé avec une hausse du dollar américain – un double coup dur pour les agriculteurs américains. En dollars canadiens, les prix du maïs et du soja ne se sont pas détériorés dans la même mesure.
Mais au-delà des taux de change, il existe d’importantes différences structurelles qui ont conféré un avantage considérable aux agriculteurs canadiens. La plupart des investisseurs ne réalisent pas, par exemple, à quel point la fortune des agriculteurs américains est déterminée par deux cultures seulement : le maïs et le soja. Une superficie impressionnante de 55% de toutes les terres agricoles américaines – une superficie équivalente à la taille de la France – est ensemencée chaque année uniquement pour ces deux cultures. En revanche, seulement 13% des terres agricoles canadiennes cultivent généralement du maïs ou du soja chaque année au Canada. Beaucoup plus de terres agricoles canadiennes sont utilisées pour produire des cultures qui ne sont pas largement cultivées aux États-Unis et qui continuent de bénéficier d'une forte demande (et de prix) sur les marchés mondiaux, comme le canola et les lentilles. Le résultat est un secteur agricole canadien doté d’une gamme de produits plus uniformément diversifiée, ce qui le rend mieux placé pour résister à la baisse des prix d’une seule culture.
Même dans le secteur du maïs, les agriculteurs canadiens semblent avoir un avantage économique sur de nombreux producteurs américains. En utilisant les budgets de plantation de maïs et les données de rendement courantes de l'USDA et du MAAARO, nous estimons que les producteurs de maïs du sud-ouest de l'Ontario ont un avantage économique 32% sur les producteurs voisins du Midwest américain, en raison principalement des différences de prix des terres et des intrants en monnaie locale. De tels avantages économiques peuvent faire la différence entre un profit et une perte lorsque les prix du maïs sont bas – comme c’est le cas actuellement.
Les fortunes des agriculteurs canadiens et américains continueront-elles de diverger ? À court terme, les prix du maïs et du soja détermineront la réponse. Mais à plus long terme, les agriculteurs canadiens disposent de puissants avantages structurels qui devraient les aider à continuer de prospérer. Contrairement à la plupart des agriculteurs américains, les agriculteurs canadiens bénéficieront net des changements climatiques. Alors que la plupart des agriculteurs américains sont confrontés à une chaleur et à une sécheresse croissantes, les agriculteurs canadiens bénéficieront d'un plus grand nombre d'unités de chauffage, d'une saison de croissance plus longue et d'un accès à de grandes réserves d'eau propre et renouvelable. Plus important encore, les agriculteurs canadiens sont des leaders mondiaux en matière de durabilité. L'indice de durabilité 2017 de l'Economist Intelligence Unit classe les producteurs primaires du Canada 2sd uniquement vers l'Allemagne, et 1St parmi les principaux exportateurs mondiaux. En comparaison, le secteur agricole américain se classe au 19e rang.ème derrière des pays comme la Chine et l’Éthiopie. Dans un monde de plus en plus chaud, pollué et sec, la durabilité sera l’avantage compétitif le plus important dont tout agriculteur puisse disposer.
L’environnement de marché actuel crée un dilemme pour les investisseurs. D’un côté, la situation économique reste brillante : les bénéfices des entreprises semblent solides, le chômage est faible et l’inflation, bien qu’en hausse, reste modérée. En revanche, les signes avant-coureurs abondent :
Nous sommes au milieu de l’un des marchés haussiers les plus longs de l’histoire : les marchés boursiers ont connu une hausse de 10 ans avec peu d’interruptions.
Les cours des actions, quelle que soit la mesure, sont plus chers qu’ils ne l’ont jamais été dans l’histoire, sauf juste avant le krach du « Dot Com » de 2001.
Les rendements obligataires augmentent et les taux d’intérêt augmentent (ce qui est mauvais pour les cours boursiers).
Les dettes individuelles atteignent des niveaux sans précédent et, plus inquiétant encore, la dette sur marge (dette empruntée pour acheter des actions) atteint des niveaux sans précédent.
Les actions Bitcoin, Blockchain et Cannabis sont clairement dans des bulles spéculatives.
Les incertitudes géopolitiques et commerciales internationales sont nombreuses et (c’est un euphémisme) il est impossible de prédire la réaction des dirigeants mondiaux à tout choc potentiel.
Au cours des 34 dernières années, nous avons connu cinq marchés haussiers importants, dont quatre se sont soldés par d’importantes baisses ou krachs boursiers. La première a commencé en 1984 et s'est terminée le lundi noir d'octobre 1987. La seconde a commencé en 1994 et s'est terminée avec la crise monétaire de la grippe asiatique en septembre 1998. La troisième a commencé à la fin de 1998 et s'est terminée par la crise du Dot Com en 2001. La quatrième a commencé en mars 2003 et s'est terminée avec la crise bancaire mondiale de 2008, et la cinquième a commencé en mars 2009 et s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui, de manière plus ou moins ininterrompue pendant une grande partie de la dernière décennie.
À quel point notre marché haussier actuel a-t-il été exceptionnel ? La figure 1 fournit un certain contexte. Les 4 cycles de marché précédents ont duré en moyenne 29 mois et ont vu le S&P 500 augmenter en moyenne de 97%. En comparaison, notre marché haussier actuel a duré jusqu'à présent 107 mois incroyables et a vu le S&P 500 augmenter de 354%.
Figure 1 : notre tendance haussière actuelle est la plus longue depuis des décennies…
Figure 2 : …et il faut beaucoup de temps pour récupérer après de longues courses haussières
Comme l’indique la figure 2, il faut généralement beaucoup de temps pour récupérer les pertes subies lors des krachs boursiers qui ont suivi de longues périodes haussières. Au cours des quatre cycles précédents, la période de reprise (c'est-à-dire le temps nécessaire pour récupérer complètement les pertes subies lors des baisses du marché) a duré 77% aussi longtemps que le marché haussier précédent, soit une moyenne de 43 mois. La reprise après la crise Internet et la crise financière mondiale a pris beaucoup plus de temps – 81 et 65 mois respectivement.
En termes simples, il a fallu entre 5,5 et 6,7 ans aux investisseurs pour compenser les pertes subies lors des deux baisses boursières précédentes.
Quelles conclusions pouvons-nous tirer de ces schémas historiques ?
Nous sommes sûrement dans les dernières étapes d’un des marchés haussiers les plus longs de l’histoire, et plus cela dure longtemps, plus le risque d’une baisse significative est grand.
Aux valorisations actuelles des actions, les gains futurs du marché seront presque certainement inférieurs à ceux des dernières années et, avec la hausse des taux d’intérêt, les rendements obligataires devraient également diminuer par rapport aux niveaux récents.
À mesure que les perspectives de rendements supplémentaires diminuent, le risque de marché augmente, ce qui crée de mauvaises perspectives risque/rendement pour les actions et les obligations.
La figure 3 illustre la manière dont le modèle risque/rendement actuel a considérablement changé par rapport aux dernières décennies. Utilisation des rendements annuels historiques depuis 1990 pour le S&P 500 et les bons du Trésor à 10 ans (tous les chiffres sont en dollars américains sans conversion de devise en CAD), nous avons estimé la composition du portefeuille d'actions et d'obligations qui aurait produit un rendement total 10% similaire à celui généré par les terres agricoles canadiennes au cours de la même période.
Au cours des années 1990, il a été possible de reproduire le rendement total 10% des terres agricoles (par l'appréciation du capital plus les dividendes et les intérêts) en investissant 39% de ses actifs dans des bons du Trésor à 10 ans et 61% dans le S&P 500. De plus, cette stratégie ne nécessitait aucun levier d'endettement et présentait un niveau de volatilité modeste à 11,6%
L’effondrement du Dot Com au début des années 2000 a créé une histoire totalement différente pour les investisseurs au cours de cette décennie. La seule façon pour un investisseur de générer un rendement de 10% entre 2000 et 2010 aurait été de placer la totalité de son portefeuille dans des obligations du Trésor, de l'utiliser avec 300% et d'acheter le S&P avec le produit de l'effet de levier de la dette. Aucun investisseur sensé n'aurait fait cela, et même s'il l'avait fait, il aurait connu un niveau de volatilité ridicule (69%).
Le marché haussier Boucle d’or que nous avons connu depuis 2010 a encore modifié la composition du portefeuille. La baisse des taux d'intérêt et les solides rendements boursiers signifiaient qu'un investisseur aurait pu placer 76% de son portefeuille dans des bons du Trésor et seulement 24% dans le S&P 500 tout en générant un rendement total de 10% avec une volatilité de seulement 8,2%.
Figure 3 : composition de portefeuille requise pour correspondre au rendement total à long terme de 10% des terres agricoles canadiennes
Cette analyse de simulation historique met en perspective l’évolution de l’environnement risque/rendement. Cependant, regarder vers l’avenir est plus délicat. Les estimations consensuelles de 2018 pour le S&P 500 et les rendements obligataires suggèrent que, dans l’environnement actuel, il faudrait placer 88% de son portefeuille dans le S&P et seulement 12% en obligations pour générer un rendement anticipé de 10% au cours de l’année à venir. Mais cela suppose que nous ne connaissions pas de correction significative du marché en 2018 et, comme je l’ai expliqué plus haut, la probabilité qu’une correction significative se produise augmente chaque mois qui passe. En clair, le portefeuille classique composé d'actions 60% et d'obligations 40% ne génère plus un rapport risque/rendement attractif pour les investisseurs.
Alors, que doit faire un investisseur prudent ? Le passage aux liquidités est l’option évidente pour préserver le capital, mais au prix de rendements réels faibles, voire inexistants. Comment protéger son capital tout en générant un rendement acceptable à long terme ?
Les risques de marché et géopolitiques accrus pour les rendements futurs des actions et des obligations contrastent fortement avec les perspectives de rendements continus et stables de la possession de terres agricoles canadiennes, dont tous les principaux thèmes d'investissement restent intacts :
une population mondiale croissante, dont une grande partie est confrontée à une grave insécurité alimentaire ;
un climat changeant qui profite aux agriculteurs canadiens et met au défi la plupart des autres régions productrices de produits alimentaires du monde;
un accès abondant à l'eau pour la production alimentaire au Canada alors qu'une grande partie du monde est confrontée à la sécheresse, à des pénuries d'eau et à des problèmes de qualité de l'eau ; et
Les prix des terres agricoles canadiennes n’ont pas augmenté de manière significative par rapport aux revenus agricoles canadiens (contrairement à la hausse des mesures de valorisation des actions publiques).
Bonnefield prédit-elle un effondrement imminent du marché ? Certainement pas. Nous ne sommes ni assez compétents ni assez intelligents pour parler d’un sommet boursier.
Il ne fait cependant aucun doute que les leçons de l’histoire et le profil risque/rendement précaire des marchés actuels sont des signaux clairs pour les investisseurs en quête de préservation du capital et de rendements stables : c’est aujourd’hui le moment le plus important de mémoire récente pour rééquilibrer les marchés publics vers les marchés financiers. des alternatives comme les terres agricoles canadiennes – un rendement constant et éprouvé, avec une faible volatilité et de brillantes perspectives de rendements constants et continus.