2015 est « l’Année internationale des sols »…. vraiment??

Croyez-le ou non, 2015 a été nommée « Année internationale des sols » par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (« UNFAO »). L’ONU doit sûrement avoir quelque chose de mieux à faire ?

Avant de lever les yeux au ciel, considérez que, selon une organisation allemande appelée Institut d'études avancées sur le développement durable (IASS), le monde perd chaque année quelque 24 milliards de tonnes de sols fertiles à cause d’une mauvaise utilisation, de la pollution, de l’érosion et de l’urbanisation. L'ONU prédit que le monde atteindra les limites d'une utilisation écologiquement durable des terres d'ici 2020, soit dans six ans seulement. Avec seulement 1,4 milliard d'hectares de terres arables à la disposition de la planète, chaque personne devra se contenter de seulement 2 000 mètres carrés, soit moins d'un tiers de la taille d'un terrain de football.

Au cours des trois dernières années, l'IASS a organisé une « Semaine mondiale des sols » chaque mois d'avril pour promouvoir une meilleure compréhension, recherche et pratiques de gestion liées à la protection des sols. Ils ont produit un Atlas mondial des sols pour illustrer l'importance mondiale et les menaces qui pèsent sur les sols et l'agriculture. Le récemment publié Atlas mondial des sols 2015 est une lecture très convaincante – non seulement pour son utilisation exceptionnelle des graphismes, mais surtout pour la triste histoire qu’il raconte. Quelques-unes de ses conclusions :

  • Le monde est vaste, mais nous manquons rapidement d’espace pour cultiver notre nourriture et nous l’utilisons de la mauvaise manière.
  • Les sols sont menacés par la pollution, la désertification et la sécheresse, la déforestation, la dégradation des sols, la perte d’espèces, l’érosion, la rareté, les inondations, l’élévation du niveau de la mer et les pénuries d’eau. Selon presque toutes ces mesures, les sols canadiens sont moins menacés que le reste du monde.
  • Une mauvaise gestion agricole est le principal contributeur à la perte de sols dans le monde, notamment en raison d’une mauvaise utilisation des engrais.
  • La perte et la dégradation des sols ont de graves conséquences sur le changement climatique et vice versa : le changement climatique dégrade les sols et les sols dégradés sont moins capables de capter et de retenir le carbone, accélérant ainsi le changement climatique.
  • Non seulement l’urbanisation recouvre des sols utiles, mais elle entraîne également des problèmes supplémentaires en augmentant le ruissellement des pluies et l’évapotranspiration, et tout ce revêtement empêche l’humidité de pénétrer à nouveau dans le sol pour reconstituer les réserves d’eau souterraine.

Et même si le Canada se classe mieux (ou souffre moins) face à de nombreux problèmes de sols auxquels est confronté le reste du monde, nous sommes confrontés à nos propres problèmes troublants. Dans un Enquête sur l'agriculture canadienne publiée par Statistique Canada à la fin de 2014, il a été souligné que près d’un million d’hectares de terres agricoles canadiennes fiables avaient disparu des cultures au cours des dix dernières années. Une grande partie de cette perte était due à l’expansion urbaine et une grande partie de cette expansion urbaine s’est produite sur certaines des meilleures terres agricoles du Canada – situées à proximité des zones urbaines de la RGT, dans le sud de l’Ontario. Cette perte stupéfiante semble d’autant plus tragique après avoir lu l’Atlas mondial des sols et réalisé que les sols canadiens perdus étaient parmi les meilleurs que le monde avait à offrir. Et maintenant, ils sont partis pour toujours.

Alors peut-être que l’ONU n’a pas mieux à faire après tout.

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